Introduction : une garde partagée… mais pas vraiment partagée
Officiellement, les enfants passent autant de temps chez l’un que chez l’autre.
Les horaires sont équitables. Les responsabilités, sur le papier, aussi.
Mais dans les faits… l’un des deux parents :
- pense à tout,
- prévoit tout,
- coordonne les activités,
- surveille les devoirs,
- achète les vêtements,
- gère les anniversaires,
- anticipe les rendez-vous médicaux…
Pendant que l’autre… suit le rythme, parfois de loin.
Ce déséquilibre porte un nom : la charge mentale parentale. Et même dans un modèle de garde partagé, elle peut peser sur un seul parent.
Pourquoi ce déséquilibre existe-t-il ?
- Parce que l’un des parents a toujours assumé ce rôle et continue naturellement
- Parce que l’autre ne se sent pas concerné, ou minimise l’importance des détails
- Parce que l’organisation est floue, sans attentes claires
- Parce que certains efforts ne sont pas visibles, donc non reconnus
Ce que cela provoque chez le parent qui porte tout
- Une fatigue chronique, mentale plus que physique
- Un sentiment d’injustice ou de ressentiment
- Une culpabilité constante de ne jamais en faire assez
- Une baisse d’estime de soi : « Je devrais y arriver, non ? »
- Parfois, l’implosion silencieuse
Et tout cela… sans que l’autre parent en soit toujours conscient.
Ce que l’enfant perçoit, même s’il ne comprend pas tout
- Un parent toujours occupé, irritable, ou anxieux
- Une tension invisible mais pesante
- Une organisation bancale ou surchargée
- Un sentiment diffus que l’un donne plus que l’autre
L’enfant apprend ainsi à observer les écarts d’implication, même sans les nommer.
Comment rééquilibrer sans exploser ?
✔ D’abord, reconnaître la charge
Faites la liste (même mentale) de tout ce que vous gérez. Cela aide à prendre conscience… et à poser des mots.
✔ Ensuite, osez en parler calmement
Pas pour accuser, mais pour nommer les faits :
« Je gère seule les devoirs, les vêtements, et les rendez-vous. J’aimerais qu’on trouve un partage plus juste. »
✔ Proposez des tâches concrètes et visibles
Par exemple :
- acheter les fournitures
- accompagner à un rendez-vous
- gérer les inscriptions d’activités
Pas juste “être présent”.
✔ Fixez des repères ensemble, même basiques
Un calendrier partagé, une réunion rapide chaque dimanche soir, une to-do liste commune.
Et si l’autre refuse ou minimise ?
- Ne portez pas plus que vous ne pouvez.
- Acceptez que tout ne sera pas parfait.
- Faites appel à des alliés extérieurs : amis, école, communauté.
- Prenez soin de vous, même dans le déséquilibre.
Ce n’est pas égoïste. C’est vital.
Conclusion : être deux, ce n’est pas seulement compter les jours
La coparentalité ne se mesure pas au nombre de nuits passées, mais à la charge portée au quotidien.
Quand l’équilibre n’est qu’une façade, le cœur s’épuise en silence.
Mais il est possible de réajuster, de dialoguer, de poser ses limites…
Et de retrouver une forme de justice qui allège l’esprit, même si l’autre parent ne change pas.