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Introduction : un projet excitant, une tension sous-jacente

Organiser un voyage avec son enfant pendant les vacances peut sembler une merveilleuse initiative. Mais quand les parents sont séparés, un simple projet de voyage peut se transformer en source d’angoisse, de conflit, voire de rupture de confiance.
Ce qui pourrait être un moment de découverte pour l’enfant devient parfois un champ de tension émotionnelle et juridique entre les adultes.
Comment faire de ce voyage une réussite partagée — et non un épisode douloureux pour toutes les personnes impliquées ?


Le voyage bienveillant : quand la collaboration prend le dessus

Un voyage bien planifié peut être :

  • un enrichissement pour l’enfant, qui découvre un autre pays, une autre culture ;
  • une preuve de confiance et de coparentalité respectueuse, lorsque les deux parents collaborent.

Dans ce cas, le parent organisateur :

  • informe l’autre parent dès le début ;
  • partage les détails logistiques (dates, lieu, coordonnées, hébergement, sécurité) ;
  • inclut l’autre parent dans la préparation si possible (valise, documents, informations à transmettre à l’enfant) ;
  • envoie quelques nouvelles pendant le séjour (photo, petit message, signe de vie).
    Et l’autre parent, même s’il ressent un vide, respecte ce moment sans chercher à l’envahir.

Quand le voyage devient une arme émotionnelle

Mais dans d’autres cas, ce voyage est organisé dans une logique de pouvoir ou de revanche :

  • L’annonce est faite à la dernière minute, sans discussion.
  • L’objectif semble être d’impressionner l’enfant ou d’exclure l’autre parent.
  • Les informations sont retenues, ou floues.
  • L’autre parent apprend le départ sans avoir été consulté.
  • Le voyage est utilisé pour créer un malaise, voire un sentiment d’infériorité.

Dans ces situations, l’enfant peut devenir un levier entre deux ego, alors qu’il ne devrait être que le bénéficiaire de l’expérience.


Et pour le parent qui reste : un mélange de vide et d’inquiétude

Quand l’enfant part pour plusieurs jours à l’étranger, le parent qui reste peut vivre :

  • un sentiment d’exclusion, comme s’il ne faisait plus partie de la vie de son enfant ;
  • une inquiétude naturelle (sécurité, imprévus) amplifiée par le manque d’informations ;
  • un ressenti de trahison si la communication a été mauvaise ;
  • une solitude brutale, surtout s’il s’agit d’un premier grand voyage.

Même un parent solide peut se sentir ébranlé. Et cela n’a rien à voir avec de la jalousie. Il s’agit d’un lien d’attachement, de confiance et de respect.


Les conflits possibles : quand la tension devient juridique

Un voyage international avec un enfant mineur exige l’accord écrit de l’autre parent, sauf si un jugement spécifique l’autorise autrement.
En l’absence de collaboration, cela peut entraîner :

  • un refus de signer l’autorisation ;
  • une rétention volontaire du passeport ;
  • une plainte en justice pour empêcher le départ ou dénoncer un comportement abusif.

Dans certains cas, le voyage a lieu sans autorisation légale, ce qui peut entraîner des conséquences graves sur le plan juridique et relationnel.


Et au cœur de tout ça… l’enfant

L’enfant, lui, peut :

  • être heureux du voyage, tout en ressentant le malaise dans l’air ;
  • se sentir coupable de « laisser » l’autre parent derrière ;
  • porter involontairement la tension ou le conflit, en servant de messager ou de déclencheur.

Même sans qu’on le lui dise clairement, il sent qu’il est devenu un enjeu. Et cela peut altérer son plaisir, sa sécurité émotionnelle, ou son lien avec l’un des parents.


Comment faire de ce voyage une réussite pour tous ?

Pour le parent qui organise le voyage :

  • Informer le plus tôt possible.
  • Rassurer l’autre parent, même si la relation est tendue.
  • Inclure l’enfant dans la préparation, sans exagérer l’aspect « exceptionnel ».
  • Transmettre des nouvelles durant le voyage (même simples).
  • Être clair, respectueux et transparent.

Pour le parent qui reste :

  • Exprimer ses émotions à un adulte, pas à l’enfant.
  • Respecter l’espace de l’enfant, même dans l’attente.
  • Ne pas « casser l’ambiance » du voyage à distance.
  • Préparer une belle reprise, un accueil apaisé, une écoute sans interrogatoire.

Conclusion : un enfant n’est pas une frontière à traverser

Voyager avec son enfant est un droit… mais c’est aussi une responsabilité affective envers l’autre parent, et surtout envers l’enfant lui-même.
Un billet d’avion ne devrait jamais devenir une preuve de supériorité ou un outil de division.
Mais bien une opportunité — partagée, respectée, encadrée — de grandir, de découvrir, et de revenir avec le cœur léger.

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