Introduction : quand les vacances deviennent des déménagements en série
L’été est souvent synonyme de détente… mais pour les enfants de parents séparés, il peut vite se transformer en enchaînement de valises, de départs et de retours entre deux foyers.
Changer de maison toutes les semaines — voire plus souvent — peut générer une forme de fatigue, d’instabilité ou de confusion. Pour le parent, l’enjeu est de créer un sentiment de continuité, même dans cette alternance.
Pourquoi les allers-retours pèsent davantage pendant l’été ?
Pendant l’année scolaire, le rythme est plus structuré : école, devoirs, repas, dodo. Mais l’été, tout se relâche. Or :
- Le cadre de vie change d’un foyer à l’autre
- Les règles sont parfois différentes
- Le repère temporel (jours, semaines) est plus flou
- Les objets personnels peuvent se perdre, ou manquer d’un côté
L’enfant peut avoir l’impression de ne jamais s’installer vraiment, et de vivre en transit.
Les signes d’un enfant en déséquilibre malgré les apparences
Même s’il semble s’amuser, certains signes peuvent trahir une instabilité vécue :
- Il est plus irritable au retour
- Il se montre distant ou refermé pendant quelques heures/jours
- Il oublie souvent des objets importants (vêtements, doudous, jeux)
- Il exprime une fatigue inhabituelle, ou un besoin de rester seul
Ce ne sont pas des caprices : ce sont des réactions normales à un contexte changeant.
Créer de la stabilité dans l’instabilité
1. Instaurer des repères fixes dans chaque maison
Un coin lecture, une assiette préférée, un rituel du soir. Peu importe le lieu, l’enfant reconnaît sa bulle.
2. Éviter de surcharger le programme
Laisser du temps libre. Ne pas faire de chaque séjour un festival d’activités. Le repos est un besoin, même en été.
3. Favoriser un objet-passerelle
Un carnet de vacances, un sac dédié, une peluche qui voyage. Cela donne à l’enfant une continuité physique entre les deux mondes.
4. Respecter un rythme régulier dans les transitions
Toujours le même jour, la même heure, la même routine de passage. Cela réduit l’angoisse liée à l’imprévisibilité.
5. Collaborer sur les règles de base
Même si chaque maison a ses différences, essayer d’avoir des points communs sur les heures de sommeil, les écrans, les repas crée un sentiment de sécurité.
Et pour les parents : rester cohérent sans s’épuiser
- Ne pas entrer en compétition avec l’autre parent : l’enfant a besoin de deux repères complémentaires, pas de deux réalités opposées.
- Gérer les retours avec bienveillance : ne pas poser trop de questions, laisser un sas de transition.
- Préparer l’enfant avec des phrases rassurantes : « Demain, tu vas chez papa/maman. Je sais que tu vas passer un beau moment, et moi je serai là à ton retour. »
Conclusion : ce n’est pas le lieu qui rassure, c’est le lien
Un enfant peut changer de maison chaque semaine… tant qu’il se sent accueilli avec constance, écouté sans être interrogé, et aimé sans condition.
L’été peut devenir un espace de découverte et de croissance, si chaque parent s’efforce de construire non pas un « meilleur » foyer, mais un refuge stable et prévisible.